Ce soir je vous emmène dans l’univers totalement barré et certainement extraterrestre de Alex John Salle, Émile Amos, Jesse Bates et Ilyas Ahmed aka Grails. Ils sont de Portland dans l’Oregon, c’est juste en dessous de Seattle, comme la distance de Paris à Nantes.
Que font-ils ? Certains disent que c’est du Rock, d’autres que c’est de la Folk, certains y voient toutes les structures du Krautrock, d’autres encore toutes celles du psychédélisme des années 70. C’est vraiment presque une connerie de vouloir les affecter à un genre en particulier finalement.
Ce que moi j’en dit c’est qu’on ne rentre pas en contact avec Grails sans que ca ait des répercussions, des conséquences en particulier sur vos futurs choix d’écoute, sur ce que vous allez attendre dorénavant, sur que vous aurez envie de vivre.
Ils ont réussi à faire un truc assez rare dans la production mondiale, c’est d’arriver à s’inspirer des aspects les plus pointus et mélodiques du monde du rock et Post-Rock industriel et d’en faire une osmose brute et sans aucun défaut avec des sons hyper profonds et mystiques, gothiques. Difficile à expliquer mais tout est nourri par des accents très précis, des références qui ne vous échapperont pas, et aussi de la musique électronique des années 70 et 80, c’est d’une pertinence inouïe, ce sont des musiciens absolument géniaux et ils ont réussi à donner une âme à leur son. Je me dit souvent que je ne crois pas à l’âme mais que je crois que les pièces d’arts peuvent en avoir une.
Ce qu’on ressent en écoutant leurs albums est assez profond, presque de l’ordre du spirituel, du très personnel et peut être même du viscéral. Vous ne saurez pas pourquoi vous êtes tombés dedans mais vous savez que ces albums vont revenir régulièrement dans vos oreilles à l’avenir, comme un produit addictif, nécessaire.
Il y a quelques années j’en ai beaucoup voulu à une personne de mon entourage d’avoir cru à des inepties. J’étais personnellement atteint que cette personne n’ai d’autre horizon qu’un monticule de croyances idiotes et puis le temps est passé. Et je me suis rendu compte que moi aussi je croyais à des trucs malgré moi et que rien de rationnel ne pouvait m’en empêcher. J’étais finalement exactement tout ce que je condamnais.
Voilà ce qu’est leur musique, c’est une croyance, c’est une certitude que l’on a en soi et qui ne vous quitte plus. Quand Alex Hall monte le groupe il ne sait pas encore qu’il va produire une dizaine d’albums tous plus indispensables les uns que les autres à cette humanité, mais il croit qu’il peut aider tout ceux qui ne croient plus en rien à avoir une raison de voir quelque chose de beau ici bas, dans ce monde tel qu’il est, froid, simple, stupide et brutal.
Leurs débuts sont marqués par une abondance de rifs absolument aériens et par des intonations celtiques, des guitares folk avec des traitements d’échos et des Leslie lents un peu comme Pink Floyd. Ce timbre très particulier, ils l’ont porté et l’ont développé en s’enrichissant de nouvelles idées. Le line up du groupe à été très évolutif au cours de la vie de la formation (line up qui serait à recomposer temporellement pour ceux qui ont le temps, je sais qu’il y a des passionnés qui adorent faire ça) bref ces entrées de nouveaux membres à permis d’apporter des idées fraîches et des instruments comme le Marxophone par exemple. Ces instruments ont débarqué dans la formation avec leurs univers et leurs orientations. Tout ca a permis de faire monter encore plus le niveau d’occupation de toutes les scènes sonores et d’affiner la profondeur de leur messages. C’est phénoménal de densité.
Ca va pas plaire à tout le monde parce que c’est comme on dit un groupe “un peu pointu”, mais moi j’ai envie de vous dire tout ça c’est des conneries, leur musique ne s’adresse à personne de « sachant » en particulier, elle est vraiment pour tout le monde, et surtout pour ceux qui ont besoin de réconfort, il serait très étonnant que vous ne trouviez rien dans leur production qui vous fasse dresser quelques poils par ci-par là, sans jamais aucun texte, aucun.
Je vous propose d’y rentrer par cet album, qui moi m’est revenu aux oreilles parce que je l’écoutait en jouant au célèbre Hack and Slash Diablo, et comme un nouvel opus du jeu vient de sortir et que j’ai toujours du son quand je joue et bien ca aura été la bonne façon de les réécouter et de me donner envie de vous en parler un peu.
Ensuite je vous invite à creuser sur Doomsdayer’s Holiday, qui est sans doute le plus beau bijou de leur discographie, mais qui ne s’aborde pas en premier lieu, faut avoir mis le corps à la bonne température pour le recevoir comme il convient.
Après quoi j’ai envie de vous dire de vous faire un ponçage en règle du reste de la discographie du groupe qui vous verrez vaut vraiment le temps d’une découverte, vous avez quelques heures devant vous j’imagine ?
J’ai trouvé une émission où ils parlent de leur influences respectives et si vous êtes un peu comme moi les albums cités ne vont pas vous être tous inconnus, et si ils le sont, surtout allez y c’est à creuser sans attendre, vous allez vous faire plaisir.
Prenez soin de vous.