Ce soir je vous emmène dans l’univers étrange, sensible et trouble de Lennard van der Last aka Secede, ça vient des Pays Bas mais c’est pas fait sur cette planète.
Alors qu’est ce que c’est et où que c’est qu’on va ? (tiens, je l’ai gardé celle-là je ne sais pas pourquoi…) Et bien nous allons partir très loin faire un très très grand voyage, à la découverte d’une multitude de paysages, de situations tout au long d’un récit musical onirique et un peu magique.
Je ne sais pas pourquoi mais l’analogie avec la nourriture me revient souvent quand je discute de musique avec d’autres amateurs. Pour faire un plat il faut des ingrédients, de bons ingrédients si possible et il faut le savoir-faire et le talent d’un chef pour les cuisiner, les assaisonner, les transformer et les assembler. Certes une carotte reste une carotte, il en va de même pour une pomme de terre ou une belle asperge verte, mais… il y a un mais. Vous pouvez manger une carotte dans un bistro, vous pouvez aussi en manger une dans un restaurant gastronomique, elle sera meilleure, et puis vous pouvez aller manger votre carotte dans un 3 étoiles. Une carotte reste une carotte, mais dans un 3 étoiles, ça risque d’être la carotte de votre vie. Quelque chose que vous n’aurez jamais ressenti avant avec une carotte, quelque chose qui touche au sublime, à l’intime, et à l’extraordinaire. Alors oui un synthé en triangle ca reste un synthé en triangle, mais gouttez voir celui-la…
Voilà ce qu’est la musique de Secede, c’est un plat d’un restaurant 3 étoiles, ni plus ni moins. Comment fait-il ? Et bien malin celui qui peut dire comment il fait car j’avoue être totalement paumé quant à sa technique de production, je n’arrive pas comprendre comment il fait… magie blanche je ne vois que ça comme explication, manipulation shamanique. Un truc pas clair avec des pentacles de craie dessinés au sol et des sacrifices d’animaux.
Plus sérieusement ? C’est chacun de ces albums qui est un voyage. Il n’est pas possible de considérer son propos sans avoir entendu un album entier et dans le sens de la tracklist. Il va vous embarquer dans une histoire, il faut clairement se laisser aller et ne rien attendre. C’est bien au-delà de ce que je connaissais jusqu’à présent en termes de complexité narrative parce que oui après avoir entendu ses histoires on peut transposer des termes de littérature à la musique. Il envoie surprises sur surprises, il développe des thèmes dans toutes les dimensions, il change d’harmonie comme on cligne des yeux, il manipule tous les motifs avec tellement d’intelligence et de sensibilité. Je prends le pari que ça ira chatouiller quelque chose dans votre néocortex.
Je ne recopie pas tout ce qu’on trouve sur lui, vous irez voir les internets, mais le garçon est d’une simplicité incroyable dans ses interview, il n’intellectualise pas tout ça, c’est juste naturel, c’est comme ca et c’est finalement si simple.
Je vous propose deux portes d’entrée pour partir avec lui, vous pouvez prendre l’un de ces deux albums pour rentrer dans son univers : Bye Bye Gridlock Traffic sorti en 2003 (et ca n’a mais pas bougé d’un poil comme si il était inaltérable) qui est le premier LP du monsieur et qui avait été une commande spéciale du label NM5D (et là vous savez, puisque on en a déjà parlé ici).
Et son second album envoûtant et clairement exceptionnel Tryshasla.
Après quoi je vous invite à vous taper sa discog dès que possible car ça ne saurait manquer à votre culture de l’électro expérimentale de ces 20 dernières années.
Prenez soin de vous.