Ce soir je vous emmène dans l’univers de Hisashi Yoshino, Atsuya Tamori et Yuka Muraoka aka Eastern Youth.
Alors c’est quoi c’te bête et où vas t’on avec eux ? On part au Japon, ils sont originaires d’Hokkaido, la seconde plus grande île du Japon et se sont installés par la suite à Tokyo. Ils ont tous 50 piges et ils jouent comme s’ils en avaient 17, et ça fait déjà 30 ans que ça dure…
Leur univers c’est le Punk, plus précisément le Post Punk qui tire sur le mélodique et sur des arrangements particulièrement subtils comme un hommage absolument pas dissimulés au glam rock et à l’Emo des années 90.
Alors quoi Lambda…du Punk ? C’est quoi de la musique pour Skinhead ou ce genre de personnes? C’est des extrémistes, des violents… c’est en tout cas ce qu’on entend usuellement sur cette culture. Les choses réelles sont en fait bien plus plurielles et nuancées. S’il est exact que certains FAF d’extrême droite se revendiquent du mouvement skinhead, cette frange de personnes libertariennes est aussi composée de personnes qui elles penchent à l’extrême gauche, et aussi de personne qui penche à l’extrême “rien du tout” puisque parfaitement apolitiques mais par contre parfaitement énervées de toutes les injustices et notamment du racisme et nationalisme qui bouffe et pourri absolument toutes les sociétés sur cette foutue planète. Il n’y a pas un seul continent, une seule bourgade d’aucun pays qui y réchappe.
Leur son c’est la synthèse de beaucoup de trucs. Pour vous l’expliquer, partons aux origines de ce groupe merveilleux. Le Punk rock, le Punk Hardcore était à sa base uniquement animé de colère, je ne parle pas de haine mais bien de colère. Eastern Youth fait le pont entre ce rock brut passablement véner et la conscience forte et éclairée et les messages portés par L’enka (演歌). Sorte de complainte chantée qui est née au Japon dans les années 50. L’enka est une déclamation revendicative chantée basée sur une gamme pentatonique. Elle fut longtemps un acte politique et fut d’ailleurs inspirée dans sa forme primaire 70 ans auparavant par « Le Mouvement pour les libertés et les droits du peuple » en 1870 en opposition aux oligarques vainqueurs de la guerre civile japonaise de 1868. A cette époque aucune liberté pour le peuple et juste le droit de bien “fermer sa gueule”. C’est ce mouvement en particulier qui a été au Japon d’une certaine façon à l’origine de l’essor des bases de la démocratie d’aujourd’hui, en tout cas une des façons qu’avait le peuple de revendiquer ces avancées. On parle là des essentiels comme d’une assemblée représentative, du droit de vote, des libertés individuelles, du droit à la différence, les droits des femmes et des minorités et de tout un tas de combats gagnés sur l’obscurité et l’obscurantisme au cours du dernier siècle par les japonais.
On avait pas encore fait dans l’histoire dans ce blog mais comme vous le voyez on ne se refuse aucun détour pour parler de musique qui du coup est éminemment politique forcément.
Votre référentiel Punk doit normalement contenir des noms comme les Sex Pistols (je vous laisse creuser leur histoire est vraiment passionnante, Sid Vicious est une icône pour beaucoup de métalleux), les Ramones, les Clash. En 76 la bande à Ian Curtis lance “Joy Division”, et c’est à cette époque que le bouillon de base du punk prend. Il prend et il se bat contre des moulins à vents puisqu’en face au même moment on assiste à l’essor du Glam Rock. 77, c’est David Bowie, C’est Lou Reed, c’est Roxy Music. Les pôles sont déjà presque fatalement opposés et pourtant…
En 89, presque 10 ans après la disparition de Curtis les membres d’Eastern Youth s’associent et montent la légende du post Punk Japonais et rassemble les deux pôles pour faire un son unique. Un groupe qui fera la synthèse du mode “Véner : putain je vais te la péter sur la gueule cette guitare” au mode “pensons, ouvrons, les yeux, soyons libre et profitons des harmonies de la vie que nous offre cette nature si on peut en être digne et si on la respecte un peu”.
Bon et accessoirement tu prendra pas ma guitare en travers de la tronche même si ca me chatouille un peu mais je vais quand même bien te hurler dessus. Et je vais tout te hurler en japonais, et à la limite on s’en bat les couilles et les ovaires si tu comprends pas parce que ce qui compte c’est le mouvement, c’est l’énergie, c’est l’intention. Voilà ce qu’est leur musique, c’est l’intention de changer des choses, c’est le plaisir de se laisser porter par une énergie phénoménale, par une batterie qui rue comme un taureau sauvage en pleine forêt, et qui encorne au passage un de ces cons de chasseur, c’est cette guitare qui joue parfois juste parfois faux, c’est crade et c’est magnifique. C’est ces Charleys qui s’emballent comme le cœur d’un Humain qui bat de peur et de joie et c’est la voix d’Hisashi Yoshino qui hurle et hurle encore pour la plus grande contraction de nos zygomatiques.
Presque mieux que le sexe.
Il y a 17 albums dans leur discographie, largement de quoi se faire plaisir. Les paroles parlent d’une manière franche d’amour, de pertes, de solitude, de difficultés à long terme, de persévérance face aux difficultés, du suicide ou même de la mort. Dans les mêmes registres il aura fallu attendre jusqu’en 86 pour que Washington voit arriver les Fugazi eux même inspirés et inspirants de Eastern Youth.
Je vous invite à y entrer par SONGentoJIYU, sorti en 2017, et si vous adhérez je vous laisse vous plonger tout entier dans leur discog. Vous verrez que plus on remonte dans le temps plus c’est « du brutal », vous pouvez donc ajuster « l’acidité » de votre écoute avec les années de sortie des albums, et perso je ne retire rien de leur production, tout est excellent.
J’oubliais presque… surtout,
Montez le son et sautez partout !
Mais non.. enfin… vous avez quel age ..?
Prenez soin de vous.