Aujourd’hui je vous emmène dans l’univers de Anthony Tombling Jr (Bristol UK). Alors qui est ce mec et pourquoi qu’on en parle? En premier lieu parce que le monsieur m’a touché avec sa production. Je suis tombé sur ces EP il y a quelques années quand il venait de commencer à produire et je me suis tout de suite dit : Putain ça c’est pour moi, ça coche bien mes cases. Ensuite parce que c’est un de ces artistes un peu protéiformes qui touchent à plusieurs arts en même temps et qui ont su y imprimer une atmosphère singulière et unique, reflet d’un univers propre et vaste, ce qui n’est pas si courant en fin de compte.
Si je commence à parler de son travail, je vais vous dire qu’il est aux frontières entre un cinéma fantastique d’auteur et d’horreur et une musique électronique expérimentale sombre et particulièrement subtile. Son premier album produit s’appelle “A gradual Décline” il est sorti en 2018. Ce Scud je l’ai écouté la toute première fois la première semaine du premier lockdown en 2019. Ca avait cristallisé d’une façon extrêmement forte cette sensation de cette époque. Ce flottement, cet arrêt brutal de tout, cet abandon des lieux communs de toute activité humaine, et cette sensation que j’ai eu de vivre une profonde sensation de sidération et d’impuissance face à un phénomène encore incompréhensible et sur lequel rien n’avait de prise. Ca a aussi extrêmement bien traduit cette vision d’espace dépeuplés, abandonnés et vidés de leur vie mais dans lesquels on pouvait encore ressentir que l’agitation et la vibration du passé s’y trouvait toujours, au moins dans notre mémoire la plus chaude.
J’ai lu plus tard en m’intéressant à lui qu’il avait composé ce disque pour traduire la situation triste et a priori irréversible du changement climatique, et qu’il avait utilisé les images (car le monsieur fait aussi de la vidéo et du cinéma) de lieux abandonnés et presque vides pour donner vie à ses clips qu’il diffuse sur Viméo (certainement à cause de la qualité son de la plateforme). J’ai aussi lu qu’il avait utilisé des enregistrements réels faits dans la nature de sons capturés avec un micro enregistreur portatif comme par exemple l’effondrement de la glace d’un glacier pour créer les FX et les effets sonores de ses clips (en fait ces clips ce sont ses morceaux mais encore améliorés et mis en image par lui et l’expérience bien que parfois étonnante est incroyablement impactante).
Je trouve que sa musique est vraiment passionnante, parce qu’elle est riche d’éléments complexes, et forte en émotions. Il a un sens de la mélodie très particulier, je ne saurais pas vraiment vous le décrire mais la façon dont il amène ses thèmes est unique, il provoque des bouleversements de thème et des climax inattendus. Les PADs atmosphériques sont subtils et réverbérés, les synthèses d’instruments à vents sont ultra légères et volatiles, les guitares en mode éthérées couvrent des chants vaporeux.
Son deuxième album a été produit dans une autre optique et change de paradigme complètement, terminé la stupéfaction, terminé les ambiances contemplatives, ca passe à l’action, les drums poussent vers du Breakbeat, les synthés devenus Acides et en signaux triangulaires scient les nappes d’accords et sont filtrés et distordus. Les basses sinusoïdales rondes et enveloppantes amortissent la dureté des leads. On retrouve l’ambiance très introspective du premier mais dans une autre forme, les inspirations de Massive Attack (il bosse accessoirement pour certaines de leur vidéos) et des groupes électro Rock des années 2000 est évidentes. Nouveauté par rapport à l’ancien Opus c’est la présence de textes plus nombreux, ultra courts ultra incisifs et réutilisés en surimpression dans ses clips pour fixer des messages dans lesquels vous trouverez peut être vous aussi parfois une signification qui vous parlera.
Prenez soin de vous.
Je serai vous je commencerai par le plus vieux :
Puis par le dernier :