Ce soir je vous emmène dans l’univers de Dylan Neal aka Thief.
Lui est de Los Angeles et il produit de la dark-electro-expérimentale.
Vous ne le connaissiez pas avant 2016 car il officiait avant cette date comme joueur de Hammer Dulcimer ce grand instrument composé d’une table d’harmonie à plat sur laquelle sont tendues des cordes d’acier que l’on frappe ou pince selon le genre de sons attendus. Il en jouait dans le groupe de Post Black Shoegaze Métal expérimental appelé “Botanist”.
Peut-on conseiller d’aller jeter un œil sur ce groupe au passage ? Oui absolument, c’est extraordinairement bien fait, vous y trouverez du plaisir, peu importe la partie de ce style polymorphe que vous aimiez.
Le Hammer Dulcimer c’est un son qui me parle bien et je trouve à cet instrument (et ses variantes) un côté ultra apaisant et agréable. Il n’y a pas tant de mecs que ça sur cette planète capables d’en jouer d’ailleurs (du vrai instrument j’entends, car sa synthèse parfaite est la plus répandue). Ce que je pense c’est que la présence dans des compos de cet instrument est toujours un événement remarquable et ne peut pas être juste un choix fait par hasard Cet instrument sert à des artistes qui veulent produire des ambiances uniques.
Revenons à Thief. Lui c’est un magicien du son. On est sur du très très pro et du très complet. C’est un “One Man Band” et encore je crois qu’il fait lui même sa prod finale. Le monsieur sait tout faire. Il est en plus hyper accessible dans son approche de la musique, il n’en fait pas des caisses et montre dans des vidéos toutes les structures et méthodes qu’il emploie pour assembler et construire sa musique. Il ne montre pas tout mais c’est très intéressant de voir l’envers du décor. Certains artistes plasticiens le font aussi et c’est toujours passionnant de voir la structure des étapes qui conduisent au process créatif de l’artiste.
Je trouve que souvent les musiciens veulent vous faire croire que la production du son est ésotérique, mais il n’en est rien et lui n’en a rien à faire d’ouvrir son arrière boutique. Limite ça donnerait à quelqu’un qui lorgnait sur le sujet l’envie de s’y mettre et c’est exactement ma philosophie sur ce blog. Promouvoir cette possibilité qui est donné à n’importe qui de faire un peu de son. Ca vaut pour tout ceux qui voudraient essayer. On éviterai bien des dépressions à beaucoup de monde si on pouvait donner à chacun d’autres opportunités que la parole pour s’exprimer. Certaines choses ne seront jamais dites ou écrites. Il faut une autre matière.
La technique c’est une chose mais il n’y a pas que ça, et pour construire son univers unique Thief puise dans une quantité infinie de références. Vous allez forcément vous rendre compte qu’il ratisse large et que tous les courants qui l’ont nourri viennent à un moment prendre un rôle déterminant dans l’identité de sa propre musique avec toujours sa sensibilité incroyable pour y donner du sens. Quand il a commencé son projet, il a posé les bases de ce que serait la signature sonore de son art. Un mélange subtil et équilibré de textures de chants. De toutes sortes et de toutes amplitudes, comme du chant grégorien, ou du chœur de musique sacrée. On note aussi des emprunts aux mélodiques et instrumentaux faits de synthés gras lourds et filant de l’ambient et du trip-hop. Il s’est aussi inspiré de pas mal d’hymnes lugubres traditionnels des BO du cinéma d’horreur et d’épouvante des années 2000.
Sa musique : Une sorte d’incantation, pleine de contemplation et de colère. Certains morceaux sont ultra agressifs et lancinants. Il maîtrise d’un doigt de maître l’art de faire une boucle incessante, obsédante et agressive telle une rumination incantatoire qui exprime le dépit, la consternation, l’abandon et la perte pour le transformer dans les quelques minutes du track qui suivent en une explosion mélodique et flamboyante qui vous emporte dans une autre dimension, celle de la lumière, des idées, du rassemblement et du combat. Absolument shamanique.
Je vous invite à y entrer par le plus vieux “ Thieve Hymn in D Minor”. Gros kicks acide de la rave des familles et des textures d’orgues posés avec sa voix particulièrement troublante, en tous cas me concernant car je connais quelqu’un qui a, à l’épaisseur prêt d’un cheveux, la même.
Puis je vous propose de partir jetez une oreille sur celui qui à suivi et qui est une sorte de second volet. Si vous n’êtes pas mort à la fin du premier faites vous le combo des deux : Celui-ci pousse un peu plus encore le niveau de maîtrise et de profondeur dans les instrus et thèmes abordés.
Puis d’aller voir sur le dernier sorti l’année dernière et qui opérait un virage plus électro-pop sans rien perdre de l’aspect crade et déstructuré voir dysonnant des précédents opus. Il y a ajouté des vocals féminins et orientalisant absolument hypnotiques.
On lui connait quelques remix pas dégueulasses, je vous laisse creuser cette ancienne partie de sa carrière si besoin.
Prenez soin de vous.