Ce soir je vous emmène dans l’univers de l’alchimiste Pete Namlook. Il était de ceux qui marchent dans l’ombre, loin des projecteurs, mais dont l’empreinte sonore traverse les âges comme une onde infinie. Pete Namlook, de son vrai nom Peter Kuhlmann, fut un explorateur, un architecte de l’invisible, un alchimiste électronique dont la musique ne cherchait pas le tube, mais le voyage. Un passeur d’étoiles, un guide pour ceux qui écoutent les yeux fermés, la tête dans les nuages, l’âme en errance quelque part entre les nappes et les pulsations cosmiques.
Né en 1960 en Allemagne, il aurait pu suivre une trajectoire sage, une carrière de musicien plus classique – car il avait ça en lui, le talent brut, l’amour du son bien fait. Guitariste de formation, il tombe tôt dans la marmite de la musique électronique, à une époque où les machines ne sont pas encore ces jouets ludiques d’aujourd’hui, mais des bêtes rétives à apprivoiser. Les pionniers, Kraftwerk, Tangerine Dream, Brian Eno… il les entend, il les digère, mais ce qu’il veut, lui, c’est créer son propre langage, une musique qui ne se contente pas d’être écoutée, mais qui se vit.

Dans les années 90, alors que l’explosion techno envahit l’Europe et que les DJs règnent en maîtres, Namlook prend un autre chemin. Il fonde son label FAX +49-69/450464, un OVNI dans l’industrie musicale : une plateforme où il sortira des centaines d’albums, souvent en édition limitée, souvent en solitaire, parfois avec des complices – Klaus Schulze, Geir Jenssen (Biosphere), Tetsu Inoue, et tant d’autres. Il ne court pas après la hype. Il façonne un univers.
Son œuvre est une plongée dans l’abstraction, un dialogue entre les machines et la nature, entre l’humain et l’infini. Ambient, downtempo, space music, soundscapes, appelez ça comme vous voulez : Namlook compose des paysages sonores, des toiles éthérées où les synthés s’étirent comme des mirages, où les beats résonnent comme un cœur qui bat quelque part dans l’espace. Sa série « Air » capture cette essence flottante, mélange de contemplation et de vertige. « Silence », en collaboration avec Dr. Atmo, frôle le sacré, une musique qui respire au rythme de l’univers.
Pete Namlook était un ermite prolifique, un moine du studio, un artisan de la musique libre. Il n’a jamais cherché le grand public, et le grand public ne l’a jamais cherché. Mais ceux qui l’ont trouvé savent. Ils savent qu’il était un passeur, un homme qui a tendu une perche à ceux qui voulaient s’évader autrement.
Il nous a quittés en 2012, à 51 ans, laissant derrière lui un héritage titanesque, une discographie comme une carte aux trésors pour qui veut explorer. Il n’a jamais fait de compromis, n’a jamais cherché l’approbation. Pete Namlook était un explorateur du son pur, un artiste total. Et aujourd’hui encore, dans un coin de l’espace, quelque part entre les étoiles et le silence, ses nappes continuent de vibrer.
Écoutez. Il est toujours là.

Je vous ouvre à peine la porte avec quelques albums que j’écoute régulièrement parce qu’ils sont dans mes playlists restreintes des morceaux qui m’apportent quelque chose que je ne sais pas décrire avec des mots.
Dans “Air”, mais pas ce “Air” que vous connaissez, non au autre “Air” quelque chose qui va complètement vous transporter. Je n’ai pas de mots intelligents pour vous dire que cet album est magnifique et qu’il demande qu’on l’écoute comme une œuvre intègre, avec patience. Le premier track est une longue descente dans le puit, au fond se trouve une surprise.
Et surtout, prenez soin de vous.