Ce soir je vous emmène dans l’univers, ou le multivers (c’est un peu la même chose en plus de dimensions), de Nico Muhly. On touche avec lui ce que j’appellerai du classique contemporain Post Minimalisme. (Restez juste une seconde je sent déjà votre envie de fuir…)
Lui est américain, vit à New York avec son compagnon et il a 42 ans, il est compositeur et aussi interprète puisqu’il joue du piano divinement bien. Il commence son approche de la musique dans son Vermont natal où il était chanteur dans une chorale. C’est là qu’il découvre la musique de la Renaissance, la musique sacrée et tout le registre classique. Il apprendra plus tard à écrire de la musique chorale, et il découvrira le sens de l’harmonie. Le sens qu’elle peut prendre pour lui et celui qu’elle peut prendre dans la tête de ceux qui la reçoivent.
Nico Muhly c’est par bien des aspects une grosse métaphore du temps qui passe. Il martèle, il construit des motifs répétitifs obsédants. Il dessine ce que le quotidien nous imprime, une sensation de répétition quotidienne implacable et à laquelle on ne peut se soustraire. Sauf si on décide de changer son regard sur le quotidien, puisqu’on ne peut pas le changer lui. Changer son regard et avoir un point de vue différent, traiter par l’humour un moment désagréable, traiter par la satire un plaisir devenu envahissant, traiter par le partage un moment sans intérêt mais qui pourrait être le « Game Changer » de cette nouvelle journée toute semblable à la précédente.
Voilà ce qu’est la musique de Muhly, c’est comme un courant d’air frais entre vos oreilles qui vous fera douter d’avoir bien entendu ce que vous venez d’entendre. Muhly ne s’est pas fait tout seul et il à commencé sa carrière en étant une sorte d’assistant technique (il enregistrait et archivait des samples de musique) pour alimenter les samplers de son “patron”, M. Philip Glass (rien que ça). Je vous passe les détails sur ce monument mais je vous conseille chaudement de plonger dans sa discographie qu’il faut avoir remué au moins une fois.
C’est grâce à la proximité de ce génie de la musique minimaliste qu’il se développe et rapidement devient compositeur de tout un tas d’œuvres absolument toutes remarquables.
Il collabore énormément, et il est aussi très sollicité pour des œuvres de grandes ampleurs. On lui commande des opéras. Les opéras vous savez ce sont ces œuvres souvent chiantes comme la pluie (même si c’est aussi sympa la pluie mais à l’abri) dans lesquelles on rentre difficilement, et bien là il n’en est rien. Il en à composé 2 et bosse sur le 3eme. Si vous voulez en tester un, tentez en premier le “Two Boys” qui est basé sur un fait divers ayant eu lieu à Manchester et qui raconte l’histoire de deux garçons qui se lançaient des défits de plus en plus fous et absurdes via messagerie instantannée sur l’internet des années 2000 jusqu’a ce que l’un des deux pousse l’autre au suicide et appèle la police à l’aide (c’est l’ouverture). Histoire particulièrement glaçante et cela l’avait particulièrement bouleversé à l’époque.
Il produit aussi des BO de film et quand même plutôt de jolis films. Gift Of Fire qui retrace l’histoire de deux ingénieurs japonais à la toute fin de la Seconde Guerre mondiale qui conçoivent la bombe atomique nippone et qui comprennent les conséquences de ce qu’ils sont en train de créer. Autre BO de film interressante “Kill Your Darlings” qui retrace l’émulation folle qui conduisit Allen Ginsberg, Jack Kerouac, William Burrough, de grands écrivains à partir en couille en trio ce qui poussa l’un d’eux au meurtre.
Il bosse aussi avec des gens que je mets dans une case affective particulière dans mon cœur comme Bjork, Antony Hegarty d’Anthony And The Johnsons et Jón Þór « Jónsi » de Sigur Ross. Là dans votre tête ca doit faire « tilt », même si vous n’avez de conception rien de commun avec un flipper.
Je vous dis que je suis fan ? Non en fait on s’en fout mais vous il se pourrait bien que ca ne soit pas votre tasse de thé de prime abord. Alors pour entrer je vous propose d’y aller par son album « Cycles » sorti il y à 10 ans. Ça vous donnera un bon marche pieds pour passer la tête dans sa maison et voir si ça vous plait. Ici une œuvre orchestrale monumentale basée sur les cycles, et animée à grand renfort d’orgues de grande taille (ça descend tellement bas et c’est tellement puissant Woh P…). Et en aparté c’est d’ailleurs un fil conducteur de son œuvre : les basses et les infrabasses. Particulièrement un bon point d’accroche si vous aimez des trucs plus électroniques comme la techno ou l’électro expérimentale.
Après quoi je vous propose d’aller sur Planétarium, qui est une collab et qui tire sur la belle pop électronique et vous fera souffler avant d’attaquer les opéra ;-).
« Speaks Volumes » est magnifique aussi, tellement organique, on entends le fleuve qui coule…
Comme toujours je vois de l’IP passer mais peu de retours, n’hésitez pas, laissez un petit coms si ça vous plait, partagez sa musique autour de vous vous allez allumer tout un tas de lumière.
Prenez soin de vous !