Ce soir je vous emmène dans l’univers ultra-mélodique et sombre de Justin Cober, chanteur, conteur et guitariste, Charles Masson, bassiste, et John Talbot frappeur de tambours de son état. Ils sont Canadiens de Montréal, ils produisent un foutu TA-BAR-NAK de son incroyable, é qué sapélorio “Yoo Doo Right”.
Mais attendez…, ce nom ne vous est pas inconnu…? Et vous ne savez plus où mais vous l’avez déjà lu ou vu quelque part… Je vais vous aider, un album de Krautrock*… Je vous aide encore: Vous aviez fouillé dans les vinyles de vos parents un soir ? Toujours pas ? “Yoo Doo Right” c’est un titre de “Monster Movie” (1969) le tout premier album de “CAN” dont on a déjà parlé dans ce blog et pour cause, ils font partie des éléments originels du Big Bang sonore qui a explosé début 70 (Stephen Hawking tiens toi bien on te « refait » la théorie) et qui à engendré tout l’univers musical présent (et dans toute sa variété) bref presque tout ce que nous avons aujourd’hui en influençant du rock, du Post-Rock au Punk Hardcore, de l’Ambient à la Techno, du New age à la Pop.
(*lien parce que forcément passionnant et à investiguer d’urgence !)
Alors que font-ils et pourquoi est ce que c’est génial ?
Avez vous déjà eu l’impression de ne plus être, de marcher à côté de vos pompes, d’être devenu un étranger, de ne plus vous reconnaître, de ne plus savoir ce qui vous pousse à agir ni ce qui vous fait tenir debout. La question qu’on se pose potentiellement c’est mais qu’est ce qui va me permettre de supporter cet instant présent, ce toute de suite, ce présent implacable et froid qui ne veut plus considérer ni la réalité, ni la vérité, ni la sensation ni le ressenti, plus d’affect plus d’hydraulique dans les veines ni rien qui ne puisse vous rattacher à quelque chose de rationnel et humain.
Le son de Yoo Doo Right c’est la réponse à cet instant qui ne veut plus rien dire, c’est le moment de se prendre un mur, mais pas n’importe quel mur… un “mur de son”, et il vaut clairement mieux se le prendre plutôt qu’un autre que vous ne traverserez pas. Ça va plaire aux pointilleux, ça va plaire aux bordéliques, c’est une folie douce avec du sens. Tout dans leurs productions respire le bien fait, le réfléchi, l’abouti, le travaillé, tout est sublime et magnifique. Ils rangent au placard les ascensions contrôlées et chiantes, les pistes vertes, les autoroutes, tout est fait de parois rocheuses, de chemin qui serpentent et tournicotent mais qui ne sont pas sur les cartes, c’est fait avec des bosses des caillasses et des dénivelés. Voilà ce qu’est leur son, c’est quelque chose de pentu, de rocailleux, de minéral et de puissant. Quand Cober déclame quelques mots comme l’aurait fait Jim Morrison, c’est pour mieux vous guider sur ces envolées de grattes absolument implacables et mélodiques. Ils bidouillent et conçoivent l’électronique de leur pédales de guitare et colorent toutes ces foutues calbasses électrique en une avalanche de riffs, et tout est soutenu et pulvérisé par des synthés crades et profonds, pris d’épilepsie, comme dans les confins de la musique minimaliste contemporaine. Soumis à la volonté du métronome et du séquenceur impitoyable. Des vieux Korgs, des vieux Moogs, toute la chaleur des sons synthétisés par des lampes et des bobines de cuivres, tout ca grésille et chauffe. Cette chaleur qui vient enfin vous accompagner mieux qu’un feu dans une cheminée.
Là tout de suite on se parle de musique mais vous réfléchissez en même temps que vous lisez ces lignes d’un inconnu et vous vous dites que même si finalement c’est complètement fou, mais ce truc qui vous hante depuis des années peut avoir du sens puisque plus rien n’en a finalement. Et vous décidez de foncer et vous faites ce que vous avez à faire. C’est le début de l’histoire.
C’est comme ca qu’ils ont commencé, il y avait une nécessité de le faire et de le faire bien et c’est bien heureux pour nous tous qui en profitons que ces albums soients nés, nés du néant pour ouvrir la voie. Cette voie qui ne regarde que vous, cette voie qui fait que vous devez être ce que vous avez envie d’être, c’est point barre, c’est sans aucune concession.
Alors ok mais par où rentre on dans ce bintz un peu effrayant ? Je vous propose d’y aller par un album récemment sorti “A Murmur, Boundless to the East” dans lequel résonne en plus de toute leur sonorités le violon de Jessica Moss (A Silver Mt. Zion, Oiseaux-Tempête). Cet album est le parfait point d’entrée, si vous avez accroché vous allez poncer leur discographie.
Ensuite j’ai envie de dire on va dans le dur avec cette pépite qu’est leur premier EP, tout est hyper concentré dans ce disque, ils y a un max d’improvisation, une chaleur folle (montez le son, c’est exceptionnel).
Quote :
Justin Cober : “D’une certaine manière, l’idée est de se construire une vie dont on ne cherche pas à se sauver, de trouver un but et un sens à des projets qui ne sont pas nécessairement considérés comme viables financièrement en termes de carrière. Ou de se demander si l’on est ou non un membre productif de la société dans un contexte capitaliste très spécifique. Nous essayons de trouver de la valeur et de la satisfaction dans nos communautés et dans nos projets personnels qui nous font nous lever le matin. Vous pouvez trouver un but en vous-même, pas en travaillant pour quelqu’un d’autre ou en faisant quelque chose que vous détestez absolument, en étant exploité et valorisé pour votre valeur monétaire.”
Prenez soin de vous.