Aujourd’hui je vous emmène dans l’univers de Kelly Moran. Cette New-Yorkaise multi-instrumentiste est signée chez Warp, et là je vois vos oreilles de Berger Allemand qui viennent de se dresser sur votre tête, parce que ce label vous a forcément évoqué toutes les têtes d’affiche de l’IDM mondiale.
Le travail de Kelly Moran s’articule autour de techniques et de machines ultra modernes dans la production de musique électronique qu’elle combine avec des pratiques ancestrales, celles du jeu sur les Gamelans et tambours d’aciers primitifs au travers d’un hommage entier et vraiment sincère à la technique de John Cage.
Il y a dans sa sonorité quelque chose de vraiment unique, je parlais récemment de la présence d’une âme dans sa musique. Pas une âme au sens de ce que vous croyez peut être avoir au fond de vous par delà vos limites physiques, non je parle d’une âme comme de quelque chose d’unique, reconnaissable entre toute autre forme et par delà des millions d’autres. Quelque chose de terriblement singulier qui vous transperce et qui ne se produit qu’une seule et unique fois quand vous la croisez.
Seule assise devant son piano elle égraine les notes qui sonnent comme un clavecin, ou une harpe. Comment fait-elle ? Des traitements sonores ? Pas du tout, c’est beaucoup plus simple et beaucoup plus vrai, elle place simplement des objets, des feuilles de papier, du ruban adhésif, des fils de cuivre, du bois, des cales en caoutchouc, du papier d’aluminium, des cloches et même des balles de ping-pong sur ou entre les cordes de la table d’harmonie de son magnifique piano. Voilà comment elle obtient ce son et c’est absolument incroyable à écouter, c’est doux et percussif, c’est incroyable et les notes sont fondamentalement singulières avec ce traitement.
Ses inspirations sont très clairement symbiotiques, entre une électro extrêmement riche tirant sur de l’ambient expérimentale, et un classique contemporain organique et ancré dans le réel de ces instruments modifiés. Elle tisse des motifs complexes et enchevêtrés, elle cherche la boucle parfaite et nous emmène dans son univers vaste et beau, simple et chaleureux, unique et fragile. Si vous regardez ses messages sur les réseaux sociaux vous allez voir qu’elle est du genre ultra sensible et qu’elle ne triche pas avec sa musique.
Je vous conseille d’y entrer par Ultraviolet, et je vous déconseille de ne pas lui accorder le temps d’une écoute complète car il dévoile sa structure et donne sens à chaque morceau en lui donnant le temps de se déployer au travers d’une écoute plus ou moins attentive.
Et puis ensuite sur ce petit EP qui finira par vous emmener avec elles dans ces contrées plus introspectives que vous ne l’aviez imaginé. Le reste de sa discographie mérite une vrai exploration, vous n’allez pas perdre votre temps.
J’allais oublier, Prenez soin de vous.