A quoi sert l’art ? A rien, strictement à rien et c’est la seule et unique raison pour laquelle il faudra le protéger de toutes les attaques, de tous les extrémismes jusqu’au péril de nos vies.
La musique, elle, est une langue, mais elle n’est étrangère pour personne sur ce bout de cailloux. La musique est dans chacun de nos cœurs d’être humain, faillibles et soumis à l’animalité, à la sauvagerie de nos essences. La musique et le vocabulaire musical est un médium. Un support pour communiquer. Elle n’est d’ailleurs pas le propre de l’humain, il n’y a d’ailleurs pas grand chose qui soit de notre unique transcendance. Les singes savent produire de l’art, les oiseaux savent chanter, la conscience de la mort est présente chez les éléphants et les grands fauves, le sentiment de parentalité chez tous les mammifères.
Que nous reste il d’unique?
Rien si ce n’est notre profonde nature d’animaux sociaux, et les univers matériel et immatériel que nous construisons. La fameuse civilisation promise dans laquelle toute l’humanité, tout individu pourrait vivre dans toute la diversité de ses choix, de ses attentes, de ses aspirations, sans jamais dépendre du choix et de la volonté des autres.
Ce soir je vous emmène dans un univers paradoxal, dans le déchirement de deux mondes qui s’affrontent loin de tous les archétypes. D’un côté les ténèbres fumantes et obscures, et de l’autre les armées de lumière, les soldats de l’ombre qui éclairent autant qu’ils le peuvent pour que tout ceux qui seraient touchés par leurs armes, se sentent faisant partie d’un ensemble solide et bienveillant.
Soho Rezanejad dit :
« J’ai écrit plus de chansons de liberté que de chansons d’amour », dit-elle, « mais peut-être que cela revient au même. »
« Nous sommes nombreux à avoir besoin d’appartenir à un système extérieur, parce que nous avons peur d’appartenir à notre propre vie. »
“Si vous pouvez l’être, vous êtes libre, mais seul. Ce genre de liberté est très déstabilisante pour la plupart des gens, ce qui est logique. Après tout, nous sommes des animaux de troupeau.”
Née en 1989 à New York, elle est la fille de dissidents iraniens ayant fui la folie de leur pays. Rezanejad a ensuite grandi à Copenhague, au Danemark. Elle y a étudié au Conservatoire de musique rythmique. Elle se plonge très tôt dans les textes des philosophes et s’intéresse de près aux écrits des grands psychanalystes. Très tôt dans sa vie elle se trouve confrontée à la complexité des concepts des adultes, la religion, la position de ses parents face à ces concepts. A 5 ans elle ne parlait plus, mutique elle cherchait une forme de spiritualité qui ne pouvait pas être préconçue. Elle cherchait ce qu’elle était et n’était plus en apprenant de nombreuses langues étrangères pour se forger l’esprit à la diversité des formes d’expression.
Les langues étrangères, les larges gammes et registres dans lesquels elle chante ont rythmé jusqu’à présent toute la production dont elle nous à donné, légué la responsabilité de sa transmission. Je me suis senti particulièrement touché par son engagement indéfectible envers le changement et la différence. Peut être la résultante d’un vécu commun, celui de se sentir étranger en tout lieu, en toute compagnie.
Il y a des artistes dans ce monde qui sont remarquables par leur présence parce qu’ils posent quelque chose de très fondamental et unique qui rapproche les gens. Ils nous rendent plus proches les uns des autres, même dans nos différences. C’est en produisant avec cette honnêteté crystalline que Soho Rezanejad vous emmènera dans son univers, dans votre univers, si vous lui ouvrez un instant votre cœur.
Je vous invite à commencer par cet album :
Six Archetypes est sorti début 2018, déclinant à travers ses 14 titres. Le titre et les noms des chansons font référence au psychologue Karl Jung et à sa théorie des types de caractères récurrents qui apparaissent inconsciemment chez les gens.
Les paroles du disque ont été recueillies de façon très participatives, notamment grâce à ses amis et à des personnes de passage dans son studio. Soho Rezanejad dit : «Je leur faisais simplement jouer les démos et je leur demandais d’écrire ce qu’ils pensaient que je chantais. Aucun mot n’était clairement saisi, et c’est dans leur transcription que j’ai trouvé ces belles phrases ».
Ensuite je vous invite à continuer sur “The Verses” qui est absolument fantastique et tellement différent de Six Archetypes. C’est normalement après cet album que vous devriez avoir envie de vous lancer vous même dans la découverte de toute sa discographie. Je ne peux que vous y encourager.
Et pour finir je vous partage les paroles de « Actor’s Monologue » (Album Six Archetypes) (Ce texte est… Je n’ai pas de mots pour vous le dire…)
Prenez soin de vous !
I′m trapped in this body – Je suis piégé dans ce corps
I can’t get out – je ne peux pas sortir
When I′m alone – Quand je suis seul
I look in the mirror – Je regarde dans le miroir
Naked – Nu
My genitals mean nothing to me – Mes organes génitaux ne signifient rien pour moi
When I’m around others – Quand je suis avec les autres
That’s when I get reminded that I′m a woman – C’est à ce moment-là qu’on me rappelle que je suis une femme
Being a woman doesn′t mean anything to me – Être une femme ne veut rien dire pour moi
You can’t expect people to behave on behalf of their gender – On ne peut pas s’attendre à ce que les gens se comportent en fonction de leur genre.
It′s too easy – C’est trop facile
I don’t want to take the role of a fantasy – Je ne veux pas jouer le rôle d’un fantasme
It′s not my responsibility – Ce n’est pas ma responsabilité
I don’t want to be treated differently because of my body – Je ne veux pas être traité différemment à cause de mon corps
The body is a trap – Le corps est un piège
A physical matter – Une affaire physique
But the mind is something else – Mais l’esprit est autre chose
The mind is flexible – L’esprit est flexible
We put terrible pressure on our minds when we harden our views – Nous mettons une pression terrible sur nos esprits lorsque nous durcissons nos opinions
We lose sight – Nous perdons de vue
We lose the softness that makes for real belonging – On perd la douceur qui fait la vraie appartenance
To the judgmental eye – À l’œil critique
Everything is closed in definitive frames – Tout est fermé dans des cadres définitifs
When the judgmental eye looks out – Quand l’œil critique regarde
It sees things in terms of lines and squares – Il voit les choses en termes de lignes et de carrés
It excludes and separates man – Il exclut et sépare l’homme
But you can′t separate what belongs together – Mais tu ne peux pas séparer ce qui va ensemble
Indifference is necessary for power – L’indifférence est nécessaire au pouvoir
When you become indifferent – Quand tu deviens indifférent
You give all your power away – Tu donnes tout ton pouvoir
You become normal – Tu deviens normal
Normal is a system of oppression – La normalité est un système d’oppression
Normal is an act of violence – La normale est un acte de violence
It’s threatened by individuality – C’est menacé par l’individualité
Normal is the language of external authority – Normal est le langage de l’autorité externe
But you are your own authority – Mais tu es ta propre autorité
You can’t give yourself away – Tu ne peux pas te trahir
You can′t become an exile in your own life – Tu ne peux pas devenir un exilé dans ta propre vie
You have total freedom of the choices that you make – Vous avez une totale liberté dans les choix que vous faites
You′re either conscious of that – Soit tu en es conscient
Or you’re dead in your own existence – Ou tu es mort dans ta propre existence