Je me suis demandé dernièrement si j’avais encore des choses à dire sur la musique. Des gens ayant reçu une éducation, une formation que je n’ai pas ont à priori déjà tout dit sur le sujet. Qu’ils soient musiciens, qu’ils soient mélomanes, qu’ils soient audiophiles, tout ou presque à déjà été dit sur la musique. Il n’y a donc plus rien de pertinent que je puisse apporter sur ce sujet, il n’y a plus rien que tu ne puisse en dire, voilà ce que je pensais en évoquant cette question dans mon esprit.
C’est à ce moment que je me suis mis à réfléchir au “Pourquoi”. Pourquoi la musique, pourquoi était-elle devenue cette composante si importante de ma vie, pourquoi était-elle si importante dans mon quotidien, et pourquoi suis-je une autre personne quand j’en suis, d’une façon ou d’une autre, privé.
En écoutant Thorsten Quaeschning dans ses différentes interviews, je me suis rendu compte qu’au-delà de la pertinence approximative de ce que je pouvais en dire, je ressentais l’envie d’exprimer mon profond respect pour ce qu’il exprimait. J’ai vu qu’il arrivait à définir dans ses mots ce que je ressentais. Il exprimait la sensation d’être présent (conscient) au travers de la musique. Présent dans une autre dimension, au-delà de la simple investiture, quelque chose de plus personnel, de plus charnel. Avec ses mots il raconte comment il vit les moments de “musique” au travers des niveaux d’intensité de ressentis différents. Quand il compose, quand il cherche la musique, il est sans protection, il est libre d’être tout ce qu’il veut, comme un écrivain qui incarne ses personnages pour leur donner vie. Quand il joue sa musique devant un public c’est autre chose, il devient interprète, traducteur, transmetteur, passeur d’un message sans cadre, aux multiples traductions, d’un élan d’énergie libre et disponible pour l’auditeur. Il raconte aussi qu’il arrive à relier ces deux sensations en jouant en live des improvisations. Bien qu’il ait des schémas, des patterns, il se laisse aller à l’improvisation, guidant l’élan automatique et syncopé de ses machines pour les laisser se perdre dans les différentes boucles et associations de notes et sonorités. Il entraîne l’éclosion, et pousse l’évolution d’un thème dont il ignore absolument tout. Il utilise alors la peur de faire une erreur comme une force, comme on fait l’amour.
Pourquoi est-ce que je vous raconte tout cela? Parce que ça répond à la question que je me posais sur la nécessité que j’ai à continuer ce blog, qui ne réponds à aucune attente, ni à aucun public, il ne répond à aucun besoin, aucun marché, aucun plan particulier, mais il m’évite de mariner dans mes propres idées, il ouvre sur le partage. Il n’y a personne pour le lire et pourtant vous êtes de plus en plus nombreux à passer par ses pages.
Si vous êtes comme je le suis, vous avez compris que la musique peut vous rapprocher des autres et de ce que vous êtes à l’intérieur mieux qu’aucune autre chose ne puisse le faire sur ce petit cailloux flottant dans l’espace et le temps. Vous savez que la musique peut vous aider à changer votre point de vue en laissant entrer celui des autres, tous ces gens qui l’écoutent aussi et qui comprennent et interprètent les choses différemment. Elle peut aussi vous apaiser face à la beauté que peut prendre toute action improvisée, vous sortir de cette vision manichéenne de la préparation, de la planification, de l’obligation d’être et de suivre un plan qu’on vous l’ait imposé ou que vous l’ayez décidé vous-même. Voilà tout ce que la musique peut faire et voilà pourquoi je continue ces chroniques pour vous parler de ces artistes qui continuent d’avoir quelque chose à dire sans jamais utiliser le moindre mot, ces raconteurs d’histoires sonores.
Thorsten Quaeschning est une figure majeure de l’électronique contemporaine, que ce soit en solo ou avec Tangerine Dreams avec lesquels il a produit 75 albums, vous plongerez dans des dimensions sonores que seule la complexité de la physique quantique peut approcher. Son approche de la SynthWave est basée sur l’expérience et sur l’improvisation. Cette approche, s’inscrit dans la tradition de Tangerine Dream, et trouve ses racines dans les performances légendaires du groupe dans les années 1970 et 1980, où chaque concert était une expérience sonore nouvelle, un moment unique que seuls ceux qui étaient présents peuvent dépeindre avec fidélité.
Avec Picture Palace Music, Thorsten Quaeschning crée un univers sonore onirique, entre cinéma et électronique, tout en rendant hommage à l’âge d’or du cinéma muet. Chaque morceau semble conçu pour illustrer une scène de film imaginaire, invitant l’auditeur à créer sa propre narration à travers les sons. Il pousse à son paroxysme L’art de faire rêver sans jamais montrer aucune images.
Je vous propose simplement de vous laisser un parcours d’accessibilité avec quelques albums, sans plus de détail, vous ferez votre route, et pour cette fois il vous faudra improviser.
Indulge the Passion :
Symphony for Vampires:
SynthWave :
Raum :
Prenez soin de vous.