Aujourd’hui je vous emmène dans l’univers de Stephen Shannon, il est Irlandais, bosse principalement depuis Dublin et produit depuis une bonne vingtaine d’années des Film Scores et autres BO et thèmes cinématographiques absolument percutants. Il prend part dans Mount Alaska un groupe Néoclassique et Ambient et à aussi bossé dans d’autres groupes plus Post-rock et aussi sous son propre nom.
Alors que fait il et pourquoi on en parle ici ? Premièrement le monsieur est à la croisée des chemins, et de base j’aime beaucoup ce type d’artistes. J’aime ces gens qui ne peuvent pas se décider à choisir un genre, une orientation unique. Le mélange, le métissage entre les genres est la meilleure des choses qui puisse arriver à la musique. Lui, il fait planer une musique électronique extrêmement répétitive et séquencée avec une myriade de thèmes orchestrés et traités comme des envolées symphoniques.
Je ne sais pas si je vais arriver à être assez clair, pour vous donner une vision plus concrète de cette symbiose mais il faut se représenter qu’il travaille des nappes de cordes réverbères et construites autour d’un thème comme on le fait en boucle avec une phrase de séquenceur électronique qui se répète sans cesse. De la même façon, et en parallèle, il retourne des pigments électroniques qui sont par nature répétitifs en leur faisant jouer des thèmes complexes comme si on avait greffé une boite à rythme et un sampler à un orchestre symphonique. C’est un truc de grand malade, mais qu’est ce que c’est beau.
Le tout est brodé finement avec des traitements sur à peu près toutes les parties de ses scènes sonores (oui le monsieur fait de l’image avec du son).Tout est extrêmement produit et abouti.
Très souvent la “musique de film” est considérée comme un habillage et je suis le premier à dire que ca m’emmerde qu’on me lance de la musique larmoyante sur une scène de film pour bien me faire comprendre que, attention… “Moment émotion….” parce qu’on doit être trop con pour comprendre j’imagine. Ce genre de grosses ficelles dessert bien souvent le résultat. Avec Shannon, c’est vraiment différent, il n’apporte rien il fait une simple lecture des moments qu’il habille. Il les sublime, il leur donne de la profondeur. Il les réveillent, comme s’ ils étaient là depuis toujours, endormis.
Alors qu’est ce que ça dit ?
Ça dit qu’il n’y a besoin de rien de nouveau, rien qui ne vienne tâcher ou changer un moment pour qu’il soit beau. Tout est déjà là. Sa musique c’est exactement cela. C’est le plus souvent un thème qu’il introduit dans les premières secondes, et qu’il fait tourner et tourner encore en le faisant éclore, il n’ajoute toujours rien, il prends l’existant et le sublime de plus en plus fort, créant parfois de franches cassures en fermant plusieurs pistes, ne laissant réapparaître, presque qu’à la fin, le thème de départ. Seul, ce thème d’entrée du morceau toujours présent et toujours aussi beau car il est là, et ce n’était que lui depuis le début, il fallait juste le voir, c’était lui et il a toujours été là.
Pourquoi vouloir encore et toujours quelque chose de nouveau quand le changement et la beauté peuvent émerger de l’existant, de ce qui a toujours été là près de vous, dans votre vie. Je trouve le message vraiment extraordinaire et vous trouverez dans son œuvre certainement d’autres messages comme celui-ci. Je vous laisse creuser. On a jamais vraiment fini d’en apprendre sur un artiste en fin de compte.
Quand on regarde ce qu’il raconte en ITW on voit qu’il a certainement dû gérer des problèmes un peu compliqués dans sa vie et il a des réflexions assez intéressantes sur le fait de devoir parfois aller encore plus loin dans les eaux troubles pour en sortir vraiment pour de bon. Une sorte de vision jusqu’au boutiste du besoin de comprendre ce que nous sommes pour s’en affranchir et agir librement. Vraiment passionnant comme mec en plus.
Alors par où qu’on commence avec lui ? J’ai envie de dire (pour ne pas tomber dans une habitude), essayez d’y entrer par son dernier album solo: Vous devez vraiment le considérer à la taille d’un album, vous passeriez à côté de quelque chose en picorant une piste ou deux, c’est un album complexe, évolutif et chaque Track raconte quelque chose et l’album dans sa construction raconte lui aussi une évolution.
Ensuite j’ai envie de vous dire trempez vous dans Mount Alaska, c’est une sorte de Tangerine Dreams qui aurait fusionné des instruments analogiques vintage avec des orgues et des chœurs, c’est tellement bien fait.
Et enfin je vous laisse vous perdre dans les BO de Films et séries qu’il a produit, vous avez quelques heures devant vous j’imagine ?
Prenez soin de vous.