Petit post pour parler d’un sujet que j’avais introduit dans le premier article : Software VS Hardware (y a pas de gagnants à la fin en fait on s’en fout de qui c’est qui à la plus grosse, on veut juste faire de la musique).
Commençons déjà par définir ces deux catégories :
Le software : c’est la transposition sous forme logicielle de systèmes / machines physiques. Par exemple prenons la base de tout travail sur du son : Le mixer. Historiquement le Mixer c’est une grande table de mixage avec des entrées sur lesquelles on branche les micros, les instruments (claviers synthés etc), les effets (un Delay, une Réverb, etc) , et aussi les traitements de la piste master donc du mix final (les compresseurs, les équaliseurs, les pans (ce qui permet de placer à droite ou à gauche des éléments dans le mix final) et tout un tas de faders et potards qui permettent d’ajuster chacun des paramètres de tous ces éléments de façon précise. Ces tables peuvent ressembler à ceci dans le monde physique :
Et voici ce que ca donne dans le monde Software :
Avouez que le gain de place est incroyable. L’amont d’un mixer c’est les instruments, et les deux mondes existent ici aussi : il existe des instruments sous forme de hardware (en plus de tous les instruments physiques tels que les guitares et autres électro-acoustiques) et leur homologues sous forme de Software.
Un synthétiseur (et là pour le coup je ferai une vulgarisation prochainement car le sujet est particulièrement dense) ca peut prendre cette forme là dans le monde physique :
Et son homologue dans le monde software pourrait être un Pigment par exemple (qui rassemble en gros les mêmes fonctions):
Là normalement vous suivez mon énoncé et vous vous dites : Bravo le veau, mais comment je fais pour interagir physiquement avec les softwares ? Un synthé je peux le toucher mais un logiciel … Clavier + souris ?
C’est là que viennent se glisser des Hardwares spécifiques: Des hardwares dont le rôle est de venir contrôler les Software.
Ces machines s’appellent surface de contrôle, ou clavier maitre. Leur but est de vous permettre pour un prix très contenu, de pouvoir piloter presque toutes les machines Software que vous voulez. Voici quelques exemples de ces machines :
Ces deux machines n’ont pas d’autres objectif que de venir piloter vos Software. Et vous pouvez avoir une quantité infinie de software et n’avoir que deux ou trois surface de contrôle pour absolument tout piloter (comptez 300 € de budget maxi pour 2 ou 3 surfaces performantes). Comme vous l’avez maintenant compris, aucun des boutons ou touches de ces machines là n’a de fonction définie. C’est vous qui allez assigner un bouton rotatif physique, un pad à vélocité variable, une touche peu importe laquelle à un paramètre ou réglage virtuel sur vos instruments virtuels. La limite du truc c’est que l’interface des instruments reste virtuelle. vous ne pouvez extraire qu’une partie de celle ci sur votre surface de contrôle pour interagir avec eux. J’en parle parce que c’est ce qui m’a fait changer de voie, l’interface que vous allez recréer est parfois un frein à votre capacité à explorer vraiment tout le potentiel de la machine devant vous. On es d’ailleurs pas des ingénieurs en conception d’interface et on fait beaucoup d’erreurs (on a une interface qui ne suit pas la logique de l’instrument et c’est cela qui peut être un frein à votre compréhension de ce qui se passe vraiment sur le signal que vous récupérez. (excusez la complexité de ma démonstration mais si c’est pas clair je peux revenir dessus à l’occasion des Post « Production musicale », dites le moi en commentaire !)
Pour conclure sur le Software, c’est une excellente façon de commencer quand on veut produire de la musique, vous pouvez avec peu de matériel expérimenter une grande quantité de sources sonores. Vous pouvez attaquer l’univers infini des synthétiseurs et découvrir le monde incroyable des samplers. Et ca malgré toutes les limitations d’ergonomie, c’est quand même un vrai kiff ultime si le sujet vous chatouille quelque part.
Au fait : Parlons de production de signal sonore. Ou sont les bases ? Globalement pour produire du son ce sont les deux solutions électroniques qui s’offrent à vous :
- le synthétiseur va produire ses sons, il est pour cela équipé de moteurs de production, de modulateurs (je ne rentre pas dans le détail on y reviendra), de filtres (LFO, VCO, VCF, LPF etc) d’arrangeurs et d’arpégiateurs ainsi que d’effets divers et permettant d’obtenir toute forme de synthèse, comme des basses, des leads électroniques et aussi toute une palette d’instruments synthétisés. On peut très facilement produire un violon, une contrebasse, un glockenspiel, un Hammer Dulcimer, ou des bols tibétains avec de la pure synthèse sonore.
- Le sampler lui va travailler sans moteur mais avec un système d’acquisition restitution de musique déjà existante. Il va découper cette musique, et il va l’adapter au besoin en en modifiant sa temporalité, sa hauteur, son tempo et ensuite il va la séquencer pour créer des boucles (les fameuses Loops).
Ces deux univers vous sont grands ouverts grâce à la quantité absolument gigantesque de softwares présents sur le marché. On appelle ca dans le commun des VST et ou des plugins, des RTAS aussi pour les DAW vraiment PRO. Il en existe des gratuits, des payants et tout un univers un peu parallèle où les soft payants sont déplombés par des WhiteHat afin de permettre leur expérimentation (avant achat, allez on va dire ca même si c’est pas totalement ni faux ni vrai). Ne soyez pas utopiste non plus, il existe aussi des softwares déplombés mais blindés de virus et l’exploration de ce monde la ne peut se faire qu’au travers de sites spécialisés qui rassemblent l’ensemble des exécutables Safe pour votre station de travail Home Studio.
(Je tiens à préciser que je ne fais pas la promotion de cette voie, légalement c’est répréhensible mais c’est une voie elle existe et elle permet de tester des choses, Au fil des années on ne garde pas 50 synthés, on en garde deux ou trois et la plupart du temps comme on les aime on les achète pour pouvoir les utiliser dans des productions sérieuses, voilà comment je vois les choses, voilà comment j’ai pu avancer dans ce processus, on ne peut pas bien tester des soft en version d’évaluation, c’est trop chiant, trop limitatif, c’est souvent une obligation surtout quand un synthé software coûte 170 EUR voir bien plus sur certaines grandes marques. fin d’aparté).
En ce qui me concerne j’ai 5 synthés et deux samplers software que j’aime beaucoup et aussi quelques effets. Je n’ai pas conservé tous les autres dont je ne me servait jamais. Dernièrement je me suis senti frustré dans mon studio. Je sentais que l’inspiration n’était plus au rendez-vous et j’avais envie d’avoir quelque chose entre les mains, quelque chose de plus concret encore que mes surfaces de contrôle, Je voulais vivre une relation avec de vrais instruments.
J’ai donc fait le choix d’orienter mon studio vers un mode « hybride », un peu « software » et un peu « hardware ». Ma quête à été assez longue puisque j’ai mis un an à me décider sur la forme de mon besoin, et sur le hardware que je voulais acquérir. Je voulais qu’il s’inscrive parfaitement dans mon mode de production et dans ma façon de concevoir le chemin entre l’idée et le son, ma méthode de composition.
Je crois qu’il doit bien y avoir une cinquantaines de façons différente de composer, au début ce que je vous dit vous paraitra flou et puis vous expérimenterez et vous comprendrez toutes ces voies possibles.
Mon cahier des charges je l’ai fixé il y a un an et j’ai mis tout ce temps à le concrétiser. Voici ce qu’il contenait :
- BUDGET : 1000 Euro (c’est un budget confortable et c’est très peu en fin de compte, le synthé dont l’image trône plus haut dans l’artiche coute dans les 2500 euro à lui tout seul et il ne rempli qu’un seul point de mon cahier des charges, autant vous dire que je ne l’ai pas acheté.)
- FONCTIONS : Un synthétiseur FM, un Sampler, une boite d’effets modulants, un séquenceur programmable.
- JOUABILITE : Pouvoir jouer en live, pouvoir programmer tout ou partie d’un morceau, un système donc forcément transportable, et versatile.
- GENRE : Je joue Electronique Expérimental, Ambient, Techno, Electronica. Il faut donc quelque chose de très souple. Je veux pouvoir claquer un riffe de guitare ou un orgue d’église si ca me chante dans mes compos.
- COMPATIBILITE : Compatibilité totale (Track, son & Midi) avec mon DAW (Ableton Live) et possibilité de lier mes effets préférés dans des mix incluant le hardware.
J’ai pris une année pour décortiquer le marché. Un an c’est long et ca m’a permis de discuter avec un tas de gens sur des forums, de rencontrer des gens très sympas et passionnés dans des boutiques et de voir une tétrachiées de vidéo YouTube de tests et de mises en œuvre de machines. J’avais éliminé les centre de productions tels que les Native Instrument « Mashine » et « Komplete » (très à la mode dans l’univers du beatmaking) car trop proche de l’expérience soft. J’ai aussi éliminé toutes les micromachines telles que le Teenage Engineering OP-1 parce que trop limitatif dans l’usage et totalement hors budget.
Il est resté à la fin deux marques et deux gammes de machines :
- La gamme KORG avec ses Electribes (un synthé un sampler) ou sa gamme supérieure avec ses Wavestate et Modwave et son SQ 64. Il y avait de l’autre coté.
- La gamme Elektron, avec ses Model Cycles et Sample ou sa gamme supérieure avec ses Synthakt et Digitakt.
J’ai longuement benchmarké ces machines, ca à été interminable. Je ne savais pas quoi choisir. Je savais que faire le choix d’une voie c’était s’investir (un grand nombre d’heures et une certaine quantité d’efforts et de nœuds au cerveau) pour comprendre les rouages, apprivoiser les machines et enfin pouvoir produire. Je crois que j’ai été un peu bloqué par cette masse de travail qui m’attendrai et au risque de regretter mon choix.
Et puis j’ai rencontrer un mec vraiment extra et gentil qui m’a tenu un discourt qui m’a sorti de l’ornière. Il m’a dit : Fait simple, si tu veux vraiment du hardware, attaque par quelque chose qui te permettra de produire avec une seule logique. Si tu part sur des systèmes différents, tu vas t’y perdre et tu ne produira jamais ce que tu avais en tête.
La complexité est l’ennemie de la créativité.
Cette réflexion à réduit mon choix aux modèles Electribes et Elektron d’entrée de gamme. Ce sont à chaque fois deux machines identiques en terme de workflow et capables (avec des limitations bien sûr) de faire que que je veux. Après avoir encore bien comparé les deux j’ai finalement décidé de partir sur des Elektron. C’est l’arrangeur/ Séquenceur ultra complet et facile d’accès qui a terminé de me décider sur ce point.
Ca y est ! Me voilà donc équipé de ces deux magnifiques petites bêtes depuis quelques semaines :
- A gauche : Model : Sample (c’est pas un sampler dans le sens ou elle ne fait pas d’acquisition à la volée de son mais vous avez compris que ce point est finalement un détail car j’ai Live qui peut le faire et qui peut lui balancer du sample donc problème réglé).
- A Droite : Model : Cycles : Absolument fantastique, synthèse FM totalement folle je suis dingue de ses capacités.
- En haut : Le DAW Ableton Live sur ma fidèle station MAO PC
- En haut à droite : Une carte son 4 voies Behringer (entrée de gamme) qui fait le taff et me permet de récupérer les sorties (groupées) des deux machines.
- Budget finale de l’opération : 340 € + 340 € + 150 € + Divers câbles : 30 € = 860 € soit moins que le budget de départ ! Mission accomplie.
Ce sera tout pour ce long article, je vous reviens pour vous expliquer un peu plus en détail comment cela fonctionne et vous faire écouter un peu de ce que ca peut produire. Je suis open pour répondre à vos questions dans la limite de mes compétences si vous êtes quelque part vous aussi dans cette aventure de chercher une voie pour produire votre musique.
Mise à jour du post avec une petite vidéo pour vous montrer ce que ca a donné une fois intégré.
Prenez soin de vous.