Ce soir je vous emmène dans le multi univers de Jérôme Chassagnard.
Jérôme Chassagnard c’est plus de 20 ans de carrière, c’est aussi une formation avec Régis Baillet Aka Ab Ovo. Et puis c’est une carrière solo sous son nom.
Alors dans « quoi » sommes nous ? Pour vous introduire le personnage, j’ai envie de le qualifier de Druide de la Musique expérimentale. L’expé ce n’est pas de la musique électronique dansante, elle est plus orientée vers le contemporain et on pourrait la dire plus proche de la musique classique, dans les concepts qui l’animent et dans sa structure.
Le but n’est pas de faire danser, On ne cherche pas cette agitation. Le but est de produire une autre forme d’agitation, une émotion.
Une émotion. Le maître mot de cette chronique est maintenant lancé. Vous voilà mis au fait.
Alors oui c’est de la musique un peu compliquée à aborder, parce que l’expérimentation fait partie du processus. Toutes les dimensions du son peuvent devenir sujet d’expérimentation, les rythmes, les mélodies, les sonorités, les espaces que la musique peut remplir, toute les formes de théâtralisation des techniques de production peuvent être une source d’expérimentation.
Il y a souvent bien au-delà de cet aspect presque technique et froid, une réelle volonté de susciter, provoquer, peut être parfois transcender ce qu’on appelle des sensations auditives.
Les émotions, c’est quoi? C’est un changement d’étape, un changement d’état, un mouvement, c’est quelque chose qui te change de l’intérieur, c’est quelque chose qui te secoue de l’intérieur, qui te bouscule, c’est un convertisseur d’énergie, c’est le passage d’un état neutre et amorphe à un état excité, mobile et vibrant.
La musique est un transformateur d’énergie. Elle produit de la chaleur, sans aucun effet Joule. Si on me l’avait dit il y a vingt ans, je n’aurais certainement pas compris ce que cela voulait dire, bien que je le ressentais déjà de cette façon à cette époque.
Pour habiter ces émotions, Chassagnard fait appel au son, à l’évocation, à la narration musicale et instrumentale.
Ce mec est capable de peindre des paysages et de raconter des histoires avec ses sons. Il tisse avec une infinie délicatesse les différents plans de son univers, dans chaque track toutes les profondeurs, toutes les largeurs et toutes les hauteurs du spectre sont explorées.
Les émotions, ce sont comme de petits oiseaux ou de petits poissons, tout dépend de votre affinité avec l’une ou l’autre des branches du règne animal, mais ces choses là ne vivent correctement que dans de grands espaces. Les émotions c’est exactement pareil, elles ont besoin de place dans notre intérieur, et notre esprit est un peu une cage ou un aquarium trop petit dans lequel l’air manque, la respiration manque.
Chassagnard lui pousse les 3 dimensions des émotions à l’expansion. Il touche à la hauteur, celle qui se trouve encombrée de nos préjugés, de nos idées reçues, cette dimension se repousse en s’ouvrant à de nouveaux concepts, à de nouvelles idées.
Il touche à la profondeur, celle qui est réduite par notre tempérance, notre rationalité, celle qui gomme et atténue l’intensité de nos sensations, elle se repousse en lâchant prise, en laissant s’exprimer la vraie force de nos émotions.
Enfin il s’occupe de la largeur, celle qui se trouve empêchée par nos œillères, par nos biais. Un jour on se retrouve sensible à ce qui ne nous touchait pas ou plus, et on se découvre la capacité à percevoir ce qui jusqu’alors était perdu dans un bruit de fond, dans un bruit blanc.
Je sais que certains diront, mais pourquoi ne pas dire que tout ça c’est des conneries et pourquoi ne pas juste dire que c’est de la bonne musique car on est bien dans une chronique musicale ? Certainement parce que ça dépasse ce grade du bon ou du mauvais, certainement parce que ça transcende bien plus que la simple appréciation que je peux en avoir et que je me sens désarmé à l’idée de vous exprimer les miennes (d’émotions).
Et d’ailleur… qu’en dit il Chassagnard de tout cela? Et bien voilà ce qu’il en dit, et c’est aussi simple que ça :
Le dernier album de Chassagnard s’appelle Tempus Fugit, c’est sorti cette année, et ça vient encore plus me conforter dans ma sensation que l’année 2022 à été une année absolument phénoménale en termes de sorties majeures.
Je vous invite à y entrer par des albums un peu anciens, histoire de vous “faire l’oreille”, celui-ci semble tout indiqué pour continuer, c’est aussi un de mes préférés.
Et puis je ne peux que vous conseiller chaudement de découvrir toute sa discographie, car pas la moindre minute de son travail n’est négligeable. Si vous êtes du genre pressés, allez voir les éléments, Sea et Wind sont magnifiques.
Vous trouverez tout sur son Bandcamp.
Prenez soin de vous.
Très touché par ton article.
Merci infiniment,
Jérôme.