Je vous emmène ce soir dans l’univers de Lorenzo Raganzini et Paolo Ferrara, ils sont italiens, ils sont DJ et ils font ensemble de la techno industrielle. Sorte de tech-rave postapocalyptique imprégnée d’influences extrêmement vastes et sont fondateurs de HEX un mouvement techno basé à Barcelone et à Berlin.
Serai-je en mesure de vous faire écouter de la techno ? Bonne question, ceux qui sont vraiment sûrs d’eux ont déjà quitté cette page, les autres, ceux qui sont encore là, viennent d’être piqués par une forme de curiosité sucrée salée. Et je pourrais aimer ça ? êtes vous en train de penser… La plupart du temps si on a pas d’affinité avec le genre c’est un peu difficile de s’y plonger. Je vais donc vous emmener dans quelque chose qui transcende largement les frontières du genre et du style pour que vous puissiez vous accrocher aux branches de l’EBM, de la New Wave et vos expériences du Rock et du Heavy Métal.
Quand vous allez commencer à lancer les premiers tracks, vous allez directement capter de quoi je parle. Il y a quelque chose de magique qui se passe dans votre casque ou vos enceintes. Le son vous prend par la main et vous fait bouger. Vous n’y pouvez rien, vous êtes maintenant envoûtés, capturés, vous êtes zombifiés à la merci du rythme, soumis à la fréquence du Kick et de la basse, la tête se déplaçant sur la longueur d’onde des leads de pad électroniques ultra complexes et trancy.
Alors pourquoi ça sonne comme ça ? Pourquoi est-ce si particulièrement imprégnant ? Premièrement parce que ces deux-là sont des brutes. De grosses brutasses avec le matériel, c’est une orgie, du très haut niveau de maîtrise. Tout le matériel y passe, ils savent tout faire et puisent dans des sonorités ultra analogiques sorties de synthés vintages, et de matériels de la toute dernière génération de boîtes à rythmes et polyséquenceurs avec lesquels toutes les limites de production sont abolies. Comment font-ils ? Le label leur met à dispo du matériel et les deux embarquent tout pour s’isoler et bosser comme des dingues reclus pendant des semaines tant que l’album n’est pas sorti. Une sorte d’expuragtion sonore, faite dans une atmosphère découplée, des télé et autres réseaux sociaux. Il ne doit rester que la relation intime qu’ils vont créer avec leurs bécanes pour leur faire cracher la matière noire de leur production. Voilà pourquoi ça “sonne” si différemment.
La démarche artistique est complète et j’aime beaucoup leurs digressions sur ce que représente le son, Il parlent des dancefloor comme de zones de lâcher prises, d’endroits uniques sur terre où on peut briser ses propres barrières et ses chaines de tout ce qui nous classifie, nous rattache à des cases sociales pour tout partager. On se rapproche toujours avec la techno des fondements du Flower Power des mouvements Peace & Love des 60’s sauf que là on s’envoie 180 BPM dans les esgourdes.
On ne s’ennuie pas à les écouter en interview. Ils expliquent qu’ils puisent aussi dans le Rock et le métal qui ont les mêmes valeurs que la techno. Ces genres opposés depuis leur naissance sont bien sur la même ligne du grand tableau périodique des éléments musicaux. Ils sont tout autant radioactifs, des briseurs de chaines protoniques, des bombes à neutrons qui irradient jusqu’aux os, jusqu’aux articulations et provoquent les mêmes sensations. La musique peut nous élever à un état d’esprit supérieur où nous trouvons enfin l’éveil. Le corps, les sensations, l’esprit, les émotions.
Une de leurs pochettes les montrent avec la bouche cousue. Parler sans ouvrir la bouche, voilà ce qu’est leur son, leur musique, où chaque note est un mot, voilà le gros du message. Pas besoin d’exprimer quoi que ce soit, le beat le fait pour eux. Quand il parlent ils citent René Char avec ces mots issus de « Recherche de la base et du sommet », son recueil de poésie de 1955.
« L’essentiel est sans cesse menacé par l’insignifiant »
On entre par ici un EP sorti en 2022, c’est juste pour tremper les lèvres, c’est promis:
Et puis on part sur le Fabuleux Omala Kcohs. Mais quelle folie cet album, avec Raving in Paris dedans certainement quelque chose que vous avez du voir passer en 2019 si vous êtes en veille active sur la techno mondiale.
Je ne sais pas à quel point cela vous parlera mais cette citation de Nietzsche résonne tellement plus maintenant :
« Et une fois que tu es éveillé, tu resteras éveillé éternellement. »
Prenez soin de vous.