Aujourd’hui je vous emmène dans l’univers cyclique, syncopé et obsédant de Sarah Neufeld. Elle est née au Canada, petit pays de 10 millions de km2 sur l’île de Vancouver, tout à l’ouest de ce presque continent. A sa majorité, elle quitte cette région pour s’établir dans la ville de Québec. Elle vit maintenant et depuis quelques années à New-York.
On va commencer par vous situer un peu son parcours et je vous parle de son travail solo juste après.
Elle commence sa carrière en fondant le Bell Orchestre en 1999, un groupe absolument fantastique de Post Rock azimuté avec des parties orchestrales et folklorique exacerbées et vivantes comme une danse bigoudène bretonne et comme vous n’en n’avez jamais entendu avant (sauf si vous avez les albums, et sinon je ne peux que vous conseiller chaudement de vous y intéresser).
Cela ne l’empêche pas ensuite de prendre part vers 2009 aux violons de The Luyas, un groupe de Rock Indé plutôt méconnu et très bien foutu qui distille des accents de Kraut des 70’s et de Pop acidulée par la voix de sa HeadBand Jessie Stein.
Elle poursuit sa carrière en intégrant les très connus Arcade Fire. Elle y rentre comme membre de tournée et intègre le poste de cordes et chants des chœurs en 2006/2007 et y reste jusqu’en 2014 en tant que membre intégré. Elle redeviendra ensuite membre de tournée à nouveau jusqu’à aujourd’hui afin de se consacrer à sa carrière solo et à ses multiples projets collaboratifs.
Et quelle carrière…, 4 albums, une reconnaissance internationale et quelque chose de parfaitement singulier. Du jamais vu, jamais entendu.
Ne vous fiez pas à Arcade Fire, vous pouvez rester parfaitement indifférent à la musique d’Arcade Fire et être bouleversé par celle de Sarah Neufeld. On est dans un autre registre, un autre univers.
La première fois que je l’ai entendue j’ai cru entendre l’entrée en matière du violon de Fratres du Tabula Rasa d’Arvo Pärt, cette façon inimitable de donner par la répétition rapide, saccadées, obsessionnelle et obsédante une texture à cet instrument d’habitude si larmoyant et étiré jusqu’à n’en plus finir.
C’est à cet instant que j’ai compris que Sarah Neufeld avait quelque chose à me dire et maintenant je vous partage cette expérience.
En 2013 elle sort son premier album solo Hello Brother et le fait produire par Nils Frahm, elle y développe des textures absolument phénoménales de complexité et de douceur. Elle y installe des cycles répétitifs et obsédants comme ceux de la musique de Steve Reich mais elle le fait avec beaucoup plus de force et de modernité. Dans son second album elle pactise avec les force du rock Expérimental et produit des envolées et des percées sonores accompagnées de basses amples et démonstratives, toujours soulignées par sa voix, presque irréelle, une sorte d’ange qui passe et distille quelques notes éthérées et survolant l’ensemble comme dans Cocteau Twins.
Et c’est ça finalement la musique de Sarah Neufeld, c’est quelque chose qui survole un peu toutes les histoires qu’elle raconte, tous ces moments qu’elle décrit avec sa musique. Des récits, des moments d’effrois, des moments de réflexion, des moments de dénouements, de bonheur quand la résolution se présente et emporte toutes les peines, tous les nœuds qu’elle à soigneusement décrit, comme un récit expurgatoire qui permet d’atteindre la paix.
Je ne vous en dit pas plus et je vous ouvre la porte de son univers sur son dernier album, Detritus, sorti en 2021, magnifique, indispensable:
Ensuite je vous invite à vous plonger dans The Ridge sorti en 2006, une puissance d’univers absolument incroyable.
Évidemment je vous invite à creuser dans sa discographie et à explorer ses différents travaux collaboratifs.
Je vous abandonne à votre agréable sort avec ce concert, c’est fou, elle à son violon en main et gère toute la partie lead, basses accompagnement avec un clavier à pied et ne recule pas pour appliquer des effets extrêmement puissants de delay et de reverb sur son instrument. C’est vraiment pas commun ce genre de trucs, vraiment pas.
(je vous le fait commencer à 18’, il n’y a rien avant)
Prenez soin de vous.