Ce soir je vous emmène dans l’univers de Lynn Standafer aka End.user. Il est américain natif de Cincinnati dans l’Ohio, et il habite depuis quelques années en Belgique.
Qui est ce monsieur et pourquoi est-il aussi indispensable de se plonger dans son travail que dans celui d’Amon Tobin ou Aphex Twin ?
Sa musique a une ancre fondamentale dans la Drum’n bass mais il y associe des composantes Breakcore, et des grosses lignes de trance progressive. C’est de la fusion nucléaire. C’est tout ce que tout le monde attend, une ossature moderne et pêchue et une densité moelleuse, riche en harmonies et en développements mélodiques.
Il assemble les textures et fait naître des motifs absolument incroyables de complexité et de profondeur. Ce sont des méandres sonores dans lesquels on se perd, on s’accroche, on se projette. Il y a quelque chose d’extrêmement inorganique dans la structure de sa musique. Il tord le temps. Il comprime et séquence un chaos organisé et cohérent, mais aussi brutal et inattendu. Il traite comme un esprit cybernétique le ferait froidement et mathématiquement l’ensemble de ses morceaux. Si vous aimez la musique industrielle des années 70 en particulier tout ce qui s’est fait en allemagne à l’époque du Bauhaus il est fort possible que vous soyez interpellé par cette même foudre mécanique qui fait le charme du genre.
Mais Lynn n’est pas un robot, pas une AI, pas une de ces merdes en silicium, non il est bien de chair, d’os, d’émotions et de sang et l’autre aspect ultra organique de son travail nous le prouve. Un sentiment pur et simple, une nappe de synthèse douce, à peine sculptée, aux galbes d’ondes sinusoïdales, enveloppante, planante vient et vous prendre régulièrement par la main.
Techniquement c’est une brute épaisse, il utilise de façon absolument virtuose les traitements d’échantillons (le sampling), et c’est 4 ou 5 artistes sur la planète qui ont son niveau de maitrise, et ca redonne de la chaleur dans le son. Pourquoi ? Parce que ces samples sont très concrets, des sons de bas niveaux, rien d’extra-terrestre, ils sont issus de bruits du quotidien, de sonorités végétales, minérales, animales.
C’est un ascenseur émotionnel, et ca ne fait que monter et descendre dans toutes les dimensions, c’est pentadimensionnel, ca ne peut pas se résoudre à n’être qu’un résultat, c’est une œuvre quantique, avec des états changeants en permanence, avec des états hybrides et instables.
Ce qui est totalement dingue c’est qu’il bosse depuis 20 ans et qu’on pourrait se dire “c’est bon il a fait le tour”, mais non, chaque sortie est une nouvelle orientation, chacun de ses sons réinvente tout ce qu’on pensait impossible et pourtant il le fait.
Il est produit chez Ad Noiseam, ce prestigieux label qui nous permet d’avoir Dälek, Subheim, The Kilimanjaro Darkjazz Ensemble mais depuis quelques années il s’autoproduit. Il a bossé avec tellement de monde que je peux pas vous faire la liste mais des noms comme Bong-Ra et Aaron Spectre devraient vite arriver à vous situer (Aaron, je sais pas quoi en dire tellement je suis en admiration devant son taff, tellement impactant, inventif et sensible).
Bref… Est ce qu’on se mettrait pas un peu de musique ? Alors par où qu’on rentre dans ce truc limite radioactif ? Faut-il des habilitations, des combinaisons de protection… Non ! Rien allez-y comme vous êtes de toute façon si c’est pas pour vous, vous n’y resterez pas et si au contraire vous avez des frissons, là…. vous êtes vraiment dans la m**** parce que ça ne va pas s’arreter tout seul.
On y rentre avec ce Live “Idol Patterns Radio” sorti en 2019 qui va vous plonger dans le bain sans vous pulvériser tout de suite.
Ensuite un petit EP, pour se chauffer un peu, Le “Fold” (2020) est absolument magnifique :
Ensuite on va farfouiller dans ses albums (EP +/- longs) studios. “1-3” sorti en 2016, avec le refresh de Tasmin Archer “2-3” absolument impossible à se sortir de la tête une fois entendu. Là on va vous chatouiller un peu parce qu’il y va dans la Tribe à pieds joints et ça éclabousse un peu.
Et puis après vous vous lachez comme des grands je vous lâche la main et creusez joyeusement telle Alice après avoir mangé son champignon et discuté longuement avec une chenille fumeuse de chicha.
Bref la discog est la : Bandcamp
Si vous aimez cet extrait de son live Dominator Festival Vous le trouverez en intégralité sur le bandcamp.
Prenez soin de vous.