Aujourd’hui je vous emmène dans l’album du dimanche qui n’en n’est pas un mais les concepts sont faits pour être pliés. On part dans l’univers fantastique de Jérôme Reuter Aka Rome. Lui est luxembourgeois, fils d’un père espagnol recherché pour ses activités antifascistes et passionné d’histoire. C’est d’ailleurs le cœur fondamental de son projet car chaque morceau est un récit, un décorticage d’un fait d’histoire, d’une guerre, de l’ascension au pouvoir d’un tirant ou de l’émergence de mouvements nationalistes. En 2023 il partait chanter à Kiev pour un immense concert qui avait rassemblé des dizaines de milliers de fans au travers de toute l’Europe et il en avait sorti un magnifique album baptisé « Gates of Europe » paru le 23 août dernier chez Trisol. Le disque est entièrement consacré au conflit Ukrainien et distille un message qui aura touché et ému tout le pays (jusqu’à son président).
Dans le paysage mainstream de la musique contemporaine, Jérôme Reuter se distingue comme un architecte sonore unique, fusionnant les genres et les époques avec une maîtrise et une sensibilité qui devrait vous toucher parce qu’il incarne un voyage musical et émotionnel à travers l’histoire, la politique et la philosophie, créant des œuvres qui résonnent avec une profondeur rarement atteinte dans de la Folk.
Depuis la sortie de son premier EP « Nera » en 2006, Rome s’est imposé comme une force incontournable du genre néofolk. Cependant, le terme « néofolk » est très petit et ne suffit pas à définir la richesse et la diversité de son œuvre. Jérôme Reuter puise dans une vaste palette de sonorités, jusqu’aux incantations chamaniques, mêlant folk, dark wave, post-punk et ambient, pour créer une atmosphère sonore unique. Chaque album est un voyage, une exploration des recoins sombres et lumineux de l’âme humaine et de l’histoire collective.
Comme je vous le disais plus haut, Rome dépeint des faits historiques comme toile de fond pour ses compositions. Des albums comme « Flowers From Exile » (2009), qui explore l’exil des républicains espagnols après la guerre civile, ou « A Passage to Rhodesia » (2014), qui aborde la décolonisation et la guerre civile en Rhodésie (actuelle Zimbabwe), montrent la profondeur de sa recherche et de son engagement. Reuter ne se contente pas de raconter des histoires; il les fait revivre, plongeant l’auditeur dans des atmosphères chargées de sens et d’émotions qu’il ravive avec sa voix qui me rappelle parfois celle de Mick Moss (et ceux qui aiment Moss autant que moi savent que sa voix à un truc qui n’existe nulle part).
Les textes de Rome sont à la fois poétiques, sombres et profonds, évoquant des figures littéraires comme Rainer Maria Rilke ou Jean Genet. Chaque chanson est un poème, une réflexion sur la condition humaine, l’amour, la perte, et la lutte. Avec sa voix grave et envoûtante, Jérôme Reuter transmet une intensité émotionnelle qui transporte, prend par la main et explique. La chanson « Der Brandtaucher » de l’album « Hall of Thatch » (2022), fusionne la musique et la poésie pour créer une expérience que vous ne retrouverez que sur des groupes comme Faith And The Muse.
Avec plus de quinze albums à son actif, la discographie de Rome est une aventure en constante évolution. Chaque sortie est une nouvelle exploration, une nouvelle histoire à découvrir. Jérôme Reuter ne se repose jamais sur ses lauriers, cherchant toujours à pousser les limites de son art et à surprendre ceux qui le suivent comme je peux le faire depuis 20 ans.
Voilà ce que c’est que la musique de Rome, c’est bien plus que de la musique ; c’est un livre de contes, un livre de poèmes, un livre d’histoire. Son œuvre est une invitation à explorer les profondeurs de l’histoire et de l’âme humaine, une quête perpétuelle de vérité et de beauté. Pour ceux qui cherchent une musique qui transcende le simple divertissement pour devenir une véritable expérience intellectuelle et émotionnelle, Rome est une destination incontournable. Dans un monde en perpétuelle dérive, sur le fil constant d’une implosion imminente, l’art de Jérôme Reuter reste une constante, me rappelant l’importance de la mémoire et de la réflexion.
Je vais faire simple, sur l’accompagnement de découverte: Regardez sur son site (Vous ne le trouverez pas sur Bandcamp) où vous retrouverez sa discographie complète : ROME
Et commencez par le dernier EP sorti cette année :
Puis j’ai très envie de vous dire de prendre l’Histoire dans le bon sens en allant sur les premiers albums, Masse Mensch Matérial, Flowers From Exile, des albums passionnants, magnifiques qui vous permettront de comprendre comment il a évolué et du coup de mieux apprécier ce qu’il à fait après.
Prenez soin de vous !