Ce soir je vous invite chez vous. Je vous invite à prendre le temps de découvrir votre intérieur, ce lieu que vous connaissez par cœur et qui pourtant présente par endroit, des anfractuosités, des recoins encore inexplorés.
Dans ces zones d’ombre ou de lumière se cache l’indicible, c’est vous mais ce n’est plus tout à fait vous, ou ce n’est pas encore vous, malgré les décisions, malgré les efforts et les résolutions. Ce terrain vaste, cette carte inexplorée est là, devant vous, que dis-je, à l’intérieur de vous.
Ce soir je vous emmène en France dans l’univers absolument illimité de Jean Patier aka Auditive Escape. Nous sommes (mais le saviez vous vraiment ?) le pays terreau de la musique électronique depuis plus de 30 ans maintenant. Aucun chauvinisme de ma part puisque bien d’autres pays se payent la première place sur les 1250 et quelques genres musicaux communément admis dans les classifications.
Il n’empêche que pour la musique électronique nous sommes les premiers.
En fait, si la France est un peu le berceau de la musique électronique, c’est parce que ça fait super longtemps qu’on tripote les sons et qu’on expérimente avec nos machines. Déjà dans les années 40-50, il y avait des mecs comme Pierre Schaeffer et Pierre Henry qui bidouillaient des sons particulièrement singuliers mais familiers et faisaient de la « musique concrète ». Ça paraît super abstrait, faut foutre ça dans Wikipédia pour se rendre compte, mais en gros, c’était les premiers à “sampler” des bruits du quotidien à les boucler et à les transformer en musique. Ça a posé les bases de ce qu’on fait aujourd’hui en musique électro expérimentale.
Bien 20 ans plus tard, Jean-Michel Jarre sort Oxygène et il a en quelque sorte fait exploser le carcan intimiste et élitiste avec ses synthés et ses shows populaires. C’était le premier à avoir démontré que l’électro pouvait être entêtante et mélodique, pas juste de l’expérimentation pour initiés.
Le vrai tournant, c’est les années 90 avec la techno et les Freeparty. La France est devenue un des endroits où ça tapait le plus fort : des raves illégales partout, des clubs comme le Rex à Paris, et des DJs qui ont explosé, comme Laurent Garnier et Manu Le Malin. C’était un vrai mouvement underground avec un esprit rebelle, politique et libertarien. Dans la même époque on a eu la French Touch qui est arrivée avec Daft Punk, Cassius, Étienne de Crécy… Eux, ils ont pris l’électro, l’ont mélangée avec du funk et du disco, et ont pondu un son différent qui a cartonné à l’international.
Y a personne qui peut dire que l’underground n’a pas été le terreau du mainstream et personne ne peut non plus dire que sans le mainstream l’underground aurait survécu, seul et marginale, la gueule ravagée par les “kicks basse” technoïdes et les basquettes pleines de boues et gelées jusqu’aux os à 6 du mat au fin fond d’un champ (ça sent le vécu n’est ce pas).
Un autre truc qui joue beaucoup, c’est que la France a toujours eu un bon accès au matos. On a des marques comme Arturia de Grenoble qui font des synthés et des plugins de dingue pour la musique électro, et puis en france les interfaces sont fortes, la perméabilité des frontières à la culture et à la technique est immense et c’est des belges qui ont créé Image-Line et le célèbre Fruity Loops, premier logiciel qui tournait sur des PC pourris mais qui servi de base à tellement de créateurs de sons dans les 2000’s qui bossaient dans leur piaule avec zéro hardware mais débordaient pourtant d’une créativité absolument sans limite.
La musique d’Auditive Escape c’est un peu tout ça, je vous passe les poncifs sur le fait qu’il ait nommé son projet pour expliciter que la musique était un moyen de s’échapper de ce présent lourd et répétitif car vous les trouverez partout sur le net, et sans nier cette évidence du concept je crois que c’est exactement ce qui défini l’œuvre de Jean Patier. Une musique inspirante, émancipatrice de l’esprit, nourrie de magnifiques références à de nombreux courants, s’architecturant autour de boucles sonores envoûtantes et poly-séquencées avec des machines toutes plus extraterrestres les unes que les autres (c’est une brute épaisse coté technique et production).

Je voulais vous partager quelque chose que vous ne trouverez pas sans mon aide, mais c’est à vous de trouver l’émotion, c’est à vous de déclencher l’adhésion, c’est à vous de trouver l’album de sa très belle discographie qui vous parlera comme ils me parlent, oh que oui ils me parlent.
Je vous laisse quelques points d’entrée mais vous allez sur son Bandcamp et vous trouverez tout.
Je vous ouvre la porte avec le premier de ces albums, très orienté Dub, Ambient et fort d’une immense force de vie, le premier album d’une longue lignée.
Et puis je vous invite sur le tout dernier sorti là récemment en 2024 et qui est le plus orchestral, toujours très électronique mais totalement polymorphe et organique, un vrai délice.
Et puis au milieu il y a 19 albums, 19 occasions de découvrir tout ce qui se cache dans votre intérieur.

Prenez soin de vous !